Morcellement Roches Brunes

Abolition de l'Esclavage
1er Février

Le 1er février marque la commémoration de l’Abolition de l’Esclavage à l’île Maurice.

Pour rappel, en 1767, la population de l’île Maurice s’élevait à 20,000 habitants, dont 15,000 esclaves.
La mémoire orale de l’histoire relate que les esclaves noirs en fuite, venaient se réfugier sur la montagne du Morne difficilement accessible. La forêt dense et la montagne elle-même formaient une protection naturelle gardienne de la liberté des Marrons pourchassés par leurs maîtres qui lançaient à leur poursuite des chasseurs et des chiens pour les réassigner à la servitude ou les tuer. Qu’ils soient d’origine malgache, créole, mozambicaine, d’inde ou du Zanzibar, les Marrons s’abritaient sur les hauteurs et le plateau du Morne lequel était même réputée pour être la “République des marrons” à cause du nombre important d’esclaves échappés et installés majoritairement sur la montagne. Commençait alors le Marronnage.
L’histoire raconte également le triste destin des Marrons après l’abolition de l’esclavage. Voyant des hommes approcher ils s’enfuirent et, acculés au bord de la falaise, préférèrent se jeter dans le vide plutôt que d’être pris. Ils ignoraient la proclamation officielle de la fin de l’esclavage. La montagne du Morne, Le Morne Brabant, est considéré comme le symbole de la lutte des esclaves pour la liberté et était le sanctuaire des esclaves marrons.

Le paysage culturel du Morne est classé patrimoine mondial de l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture) depuis le 6 juillet 2008, reconnaissant ainsi le site historique en mémoire de l'esclavage à l'île Maurice.

Le 1er février, la communauté créole célèbre cette fête qui commémore la fin de l'esclavage à Maurice en 1835. Pour remplacer les esclaves enfin libérés, mais qui ne voulaient plus travailler la terre, les planteurs entreprennent, en 1835, d’employer sous contrat des travailleurs venus d'Inde, des coolies de Bombay, Calcutta et Madras et de Chine afin de remplacer les anciens esclaves dans les champs de canne. La canne à sucre devient la raison d'être de l'île. Hélas, les dures conditions de vie de ces immigrés ne sont pas meilleures que celles des anciens esclaves. Mais sans doute moins mauvaises que celles dont ils souffraient en Inde, puisque la plupart d’entre eux ne retourneront pas dans leur pays à l’expiration de leur contrat. En effet, sur 450,000 coolies arrivés à l’île Maurice entre 1835 et 1909, seulement 150,000 retourneront en Inde à la fin de leur contrat.
Chaque année les Mauriciens ont une pensée spéciale pour les ancêtres de leurs concitoyens d'origine africaine, dont malgache, qui ont connu les affres de l'esclavage - qui fut pratiqué en toute légalité dans notre pays de 1723 à 1835.
Certes, si en ce 1er février 1835 plus de 70% des habitants de la colonie de Maurice devenaient libres et égaux en droit, ce jour ne fut pas pour autant proclamé férié. Il a fallu attendre 167 ans de plus pour que les autorités apportent une digne reconnaissance de la fin du régime servile considéré, comme l'a si bien énoncé Aimé Césaire, la perpétuation du plus long crime contre l'humanité.

Pour la France, le Code Noir de 1685 - connu comme le Code Colbert proclamé par Louis XIV - ne fut rendu caduc qu'en 1848 avec l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises.

Pour ce qui est des colonies de l'Empire britannique, c'est la loi de 1833 votée par le Parlement britannique le 28 août qui mit fin à la pratique de l'esclavage. (An Act for the abolition of Slavery). On sait que c'est par proclamation que le Gouverneur Charles Nicolay mit un terme au régime servile à Maurice en ce 1er février 1835.

PROCLAMATION 1835

PROCLAMATION

pour noirs esclaves dans Maurice.

(TRADUCTION EN LANGUE CREOLE.)

Dépuis nous lé-Roi été nommé moi pour Gourvernère dans pays-ci, moi lé content manière qui zautre, presque tous,été travaille, été vivre !

Moi lé content, sirtout, quand moi té voir qui vous été amisé tranquilles zour bonne-année qui fini passé; sans tapaze, sans la guerre, sans trop boire; pacequé moi pense qui toujours ça va allé comme ça, et qui vous va mérité du bien qui lé Roi voulé faire avec zautres.

Au nom de sa Majesté
GUILLAUME IV
Roi du Royaume Uni de la Grande Bretagne
et d'Irlande.

Son Excellence le Major Général, Sir Wiliam Nicolay, Chevalier Compagnon du Très-honorable Ordre Militaire de Bain et Commandant de l'Ordre Royal de Guelphic de Hanôvre, Gouverneur et Commandant en Chef, Capitaine Général et Vice Amiral ect ect de l'ile Maurice et Dépendances.
Vu la lettre du Collecteur de la Douane du 13 juillet 1835.
Déclarons que le nommé Kapondiera JOBY
apprenti du Gouvernement dont le terme d'apprentissage est expiré est libre et qu'il n'est soumis à aucune sorte de servitude ni condition qui puisse mettre obstacle à son entière liberté.
Donné au Port Louis, Ile Maurice le 20 juillet 1835.
Par Ordre
Geo Dick
Secretaire Colonial
Enregistré au Bureau de la Police Générale le 8 septembre 1835